Avez-vous aperçu cet arbre intrigant place de Jaude ? Si vous vous demandez quelle est la signification de cet arbre et pourquoi il a aujourd’hui cette forme, alors revenons sur l’évolution du projet et les péripéties qu’il a connu !
Mai 2019 : Planter un arbre, un symbole pour la lutte climatique et sociale
A l’occasion de la marche pour le climat du 25 mai 2019, des citoyens ont symboliquement planté un arbre en fin de manifestation, place de Jaude. Plusieurs collectifs ont porté l’initiative : Citoyens pour le climat, Gilets jaunes 63, ANV COP21 63, Alternatiba 63, Greenpeace Clermont-Ferrand et Youth for Climate Clermont-Ferrand.
En parallèle de cette action, un manifeste a été lancé pour demander l’état d’urgence climatique et des mesures concrètes pour y faire face :
“[…] nous exigeons non seulement que cet arbre reste au cœur de la ville où nous l’avons volontairement placé, mais aussi qu’il soit planté en lieu et place d’ici un an, dans le cadre d’un plan de végétalisation massive de la ville et d’un recul significatif de la bétonisation. Nous nous engageons d’ici là à en prendre soin, comme nous nous engageons à maintenir notre mobilisation afin de sortir de ce système prédateur pour les êtres vivants et pour les ressources naturelles, dans lequel les grands pollueurs sévissent en toute impunité.”
27 000 personnes ont signé ce manifeste en seulement quelques jours !
Début Juin 2019 : La ville intervient et modifie le bac de l’arbre
Le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi s’est engagé à intégrer l’arbre dans le jardin éphémère estival. Effectivement, on a pu apercevoir cet été l’arbre pour la lutte climatique et sociale aux abords de ce jardin. Cependant, la municipalité a décidé de modifier le bac de l’arbre…
Résultat : l’espace de terre disponible a été divisé par trois, et l’œuvre citoyenne accueillante a été supprimée au profit d’un mini-bac oppressant et “aux normes”. Aussi, le nouveau bac a été pensé pour faciliter son déplacement quand l’arbre gênera… On aura vu mieux comme démarrage d’un plan de végétalisation massive de la ville ! Avec cette intervention, la municipalité n’a clairement pas été à la hauteur de l’attente citoyenne et des enjeux climatiques.
9 juin 2019 : L’arbre succombe à la bêtise humaine
Ce jour-là, des citoyens ont découvert que l’arbre a été volontairement cassé… Malgré tout, notre détermination et celle des autres collectifs est toujours intacte. Nous voulons montrer que le génie et la créativité du collectif n’a pas de limite. Et surtout, que nous sommes toujours prêt.e.s à faire entendre notre voix. Nous continuerons donc à démontrer l’intérêt et la nécessité de la végétalisation massive de notre ville. Cet arbre était seulement une première étape : de nombreuses actions restent à venir !
Fin juin 2019 : L’arbre “réparé” devient un symbole encore plus fort du sort réservé à la végétation en ville
Une quarantaine de citoyens a redonné une deuxième vie à l’arbre, pour en faire une version 2.0 ! Celui-ci est désormais composé de bois cassé, d’une attelle métallique, d’une dalle minérale de protection suffocatrice et de feuilles mortes. L’ancien arbre est devenu mi-arbre mi-sculpture. Ces éléments représentent l’avenir réservé à la nature en ville : violence, mort et bétonisation. C’est ce qu’à voulu démontrer le groupe en figeant l’arbre cassé dans du métal et de la chaux.
Cette démarche était l’occasion de discuter des suites à donner à nos actions citoyennes. Et ce, de manière démocratique, conviviale et en musique. La lecture de la lettre ouverte au maire de Clermont-Ferrand a ponctué le rassemblement. Celle-ci demande des engagements forts de la municipalité en matière d’urgence climatique et sociale.
Ce qui est ressorti de cette discussion : comment régler la question de l’urgence climatique et sociale en laissant si peu de place et de considération au végétal ? Et en priorisant encore et toujours si inconsciemment le béton et les grands projets ? Comment régler ces questions en laissant des injustices sociales telles, que des personnes soient capables de refouler cette violence de sang froid sur des arbres, nos poumons verts ?
A travers ce nouveau symbole d’arbre-artifice, nous continuons et continuerons à demander une ville verte. Nous souhaitons une agora oui, mais fraiche et viable, et des rues apaisées de toutes injustices sociales et environnementales.