Dans le cadre d’un appel national lancé par Alternatiba, des militants écologistes ont marché sur l’aéroport de Clermont-Ferrand. Cette mobilisation a été organisée par les collectifs locaux Alternatiba 63, ANV-COP21 63 et Greenpeace Clermont-Ferrand. Ainsi, comme dans de nombreuses villes de France, ces manifestant.e.s ont défilé ce samedi 3 octobre afin de s’exprimer pour la réduction drastique de l’impact environnemental du secteur de l’aéronautique.
Une marche de contestation dans une ambiance festive et conviviale
Le rassemblement a eu lieu de manière symbolique sur le parvis de la gare SNCF en début d’après-midi. Le cortège s’est tout d’abord dirigé vers le Conseil Régional Auvergne Rhône-Alpes en suivant l’avenue de la République. En fin d’après-midi, la marche a finalement rejoint l’aéroport d’Aulnat. Malgré une météo capricieuse, cette mobilisation a rassemblé une soixantaine de personnes.
Tout au long de l’après-midi, les militant.e.s ont interpelé les élu.e.s et pouvoirs politiques locaux, à travers discours et slogans. Ils ont notamment dénoncé les contradictions entre l’état d’urgence climatique déclaré par la municipalité fin 2019 et le soutien apporté par les collectivités à l’aéroport. Les participant.e.s se sont finalement dispersé.e.s vers 17h sur le parvis de l’aéroport, après une marche de plus de 3 heures.
Une mobilisation nationale massive contre un secteur ultra-polluant et inégalitaire
D’après les rapports du GIEC, Le secteur aérien est responsable de près de 5% des émissions de GES à l’échelle mondiale et de plus de 7% de l’empreinte carbone de la France. De tous les secteurs polluants, c’est l’un de ceux qui connaît la croissance la plus forte. Le trafic mondial ne cesse d’augmenter : entre 1990 et 2018 le nombre de passagers a augmenté de plus de 70 % dans le monde. Le respect des Accords de Paris nécessite une diminution de moitié du nombre de passagers dans le monde d’ici 2050. Cependant, le trafic aérien pourrait être amené à tripler d’ici 2050 sans action politique ferme.
L’amélioration de l’efficacité énergétique des avions (~1.5% par an) ne compense pas l’augmentation du trafic qui (~4,5 % par an). En réalité, nous savons que la réduction du trafic aérien est la seule solution pour respecter les Accords de Paris. rester sous la barre symbolique des 2 degrés d’augmentation de la température.
Malgré ces réalités qui font consensus dans la communauté scientifique, le secteur aérien est néanmoins maintenu sous perfusion d’argent public. Cela prend la forme d’exonérations de taxe (pas de TICPE et réduction de la TVA) ou de subventions publiques directes. Cela permet aux compagnies aériennes de pouvoir diminuer artificiellement le prix d’achat des billets. Par ailleurs, le gouvernement français a débloqué 15 milliards d’euros pour relancer le secteur de l’aviation. Et cela, sans aucune condition ambitieuse pour protéger le climat et l’emploi. Toutes ces aides publiques colossales – portées par l’ensemble de la population en faveur de la minorité de personnes qui prend l’avion régulièrement – se fait au détriment du secteur ferroviaire qui représente souvent une alternative bien plus écologique pour des trajets similaires.
Les enjeux locaux autour de l’aéroport de Clermont-Ferrand
A l’échelle locale, c’est 15 % des émissions de CO2 de la métropole clermontoise qui proviennent de l’aéroport d’Aulnat. Le trafic est concentré à 80% vers Paris alors qu’une alternative en train existe en une heure trente supplémentaire. Par ailleurs, un trajet Clermont-Paris est plus de 50 fois plus polluant en avion qu’en train. Malgré l’urgence climatique déclarée par la municipalité, les actes ne suivent pas les paroles. Les subventions publiques allouées à l’aéroport affluent de la part de la métropole, du département et de la région. Elles s’élèvent toujours à près de 5 millions d’euros chaque année ! Cela pourrait financer une année de gratuité de transports en commun à Clermont-Ferrand.
Les revendications
En vertu de l’état d’urgence climatique déclaré par la municipalité fin 2019, nous réclamons que des décisions fortes soient prises. Nous demandons :
- le report immédiat de l’ensemble des subventions publiques allouées à l’aéroport vers le développement des mobilités douces, en particulier, celui du secteur ferroviaire (réouvertures des lignes régionales fermées, augmentation de l’offre des trains dont ceux de nuit),
- la réduction du nombre de vols, en particulier entre Clermont et Paris, afin d‘assurer un taux de remplissage des avions d’au moins 90 % ainsi que la suppression des lignes aériennes court-courriers lorsqu’une alternative en train est possible en moins de 5 ou 6 heures,
- un plan de reconversion de l’industrie et des emplois du secteur de l’aéronautique en concertation entre salarié.e.s, élu.e.s et citoyen.ne.s afin de penser la réorganisation du système de mobilité dans le cadre du respect des Accords de Paris.
Maillon d’une mobilisation citoyenne nationale de plus de 2.000 personnes sur 18 aéroports, ces marches sont le premier épisode d’une campagne de plus long terme. Celle-ci aura pour objectif l’alignement du secteur aérien avec les objectifs climatiques définis par les Accords de Paris. Il est dorénavant urgent que les pouvoirs publics prennent des décisions politiques fortes en faveur d’une société soutenable et vivable pour toutes et tous. En attendant, la mobilisation continue.
Ils ont parlé de nous
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand-marche-aeroport-calme-1880526.html
https://www.francebleu.fr/infos/transports/clermont-ferrand-une-cinquantaine-de-manifestants-en-marche-contre-le-trafic-aerien-1601732091
Retour en vidéo sur cette mobilisation
Les images de la mobilisation