Action canular – Carrefour Issoire devient Carrefiche

Le dimanche 30 août 2020, des citoyen.ne.s, membres des collectifs Alternatiba et ANV-COP21 ont mené une action canular. Celle-ci avait pour cible le centre commercial Carrefour Issoire. En simulant la transformation de l’enseigne en Carrefriche, coopérative citoyenne, ces militant.e.s ont souhaité dénoncer les pratiques des grandes surfaces. Pratiques productivistes, inégalitaires et anti-écologiques de la grande distribution en général. D’autre part, ils.elles ont également souhaité proposer un nouveau modèle, radicalement différent de celui actuel, ancré dans le monde d’après.

Et si Carrefour s’engageait pour un monde éthique et égalitaire ?

Quand Carrefour est devenu Carrefriche

 

En début d’après-midi du dimanche 30 août, une quarantaine d’activistes a fait irruption sur le parking du centre commercial Carrefour Issoire. L’objectif : transformer l’enseigne en une coopérative engagée pour une société plus juste.

La transformation a eu lieu en quelques minutes. Les activistes ont affiché le logo de la nouvelle enseigne, baptisée Carrefriche, au-dessus de l’entrée du centre commercial. Ils ont aménagé les voies de circulation les plus proches en pistes cyclables. Et certaines places de parking en zones réservées à la végétalisation. Les militants ont recouvert les panneaux publicitaires qui se trouvaient à l’entrée du centre d’affiches portant les nouvelles valeurs du lieu ! 100% local, 100% bio, 100% coopératif.

Une fois le décor installé, une dizaine de clown-activistes a célébré une parodie d’inauguration de Carrefriche mettant en scène l’ancienne direction de Carrefour ainsi qu’une dizaine de consommateurs.trices et producteurs.trices. La cérémonie consistait en un discours de passation de la direction à la nouvelle assemblée de salarié.e.s récemment devenu.e.s sociétaires et s’est déroulée dans une ambiance festive, ponctuée de danses et de chants.

 

Une action-canular jusque sur les réseaux sociaux

Diffusé sur les réseaux sociaux sur des comptes spécialement créés pour l’occasion, le canular a très vite acquis une certaine portée médiatique. Le premier post de la page Facebook de Carrefriche a notamment touché plus de 30.000 personnes. Les réactions suscitées ont été en grande majorité des messages de soutien et d’enthousiasme face aux annonces publiées par la nouvelle enseigne Carrefriche, comme une preuve de la volonté citoyenne croissante de faire évoluer la société, et la grande distribution en particulier, vers des pratiques responsables, éthiques et égalitaires.

Un démenti a finalement été publié et diffusé sur les réseaux sociaux trois jours après l’action. Ce communiqué a permis aux militants de dénoncer les pratiques abusives de la grande distribution et d’exprimer leurs revendications.

La cible : la grande distribution, vecteur d’aberrations écologiques et d’inégalités sociales.

Grandes enseignes : des pratiques à changer

Malgré leur « engagement » dans des politiques environnementales « ambitieuses », les géants du secteur ont toujours recours à des pratiques anti-écologiques et anti-sociales.
Déforestation intensive pour les biocarburants et la viande. La grande distribution cautionne une grande partie de la déforestation en Amazonie pour deux raisons majeures. D’une part, l’huile de palme est omniprésente dans l’industrie chimique, dans les produits alimentaires et, de plus en plus, dans les carburants sous la dénomination de “biocarburant”. Les grandes enseignes distribuent et soutiennent largement tous ces produits. En France, 76% de l’huile de palme importée est consommée dans les biocarburants et sa demande a triplé au court des 30 dernières années. D’autre part, les géants de la grande distribution importent en grande majorité leur viande de l’autre bout du monde. Par exemple, on estime que les méga-fermes brésiliennes, qui fournissent ces grandes enseignes, sont responsables de la disparition de plus 5.800 km² de terres vierges chaque année.

Inégalités salariales et injustice sociale

Carrefour a été condamné à plusieurs reprises pour avoir rémunéré des salarié.e.s sous le SMIC, pratique très répandue dans ce secteur. Egalement, à postes identiques, les hommes sont toujours globalement mieux rémunérés que les femmes. Aussi, ils occupent également la majorité des postes à haute responsabilité. Par ailleurs, entre 2016 et 2018, le PDG du groupe Carrefour augmentait son salaire annuel de plus de 7 millions d’euros. Dans le même temps, l’enseigne versait annuellement 350 millions d’euros de dividendes – soit 10 fois plus que la totalité des primes aux salarié.e.s – aux actionnaires. Et elle économisait 40 millions d’euros d’impôts par an en plaçant des fonds dans des niches fiscales en Belgique. En 2019, Carrefour empochait également le CICE, aide du gouvernement destinée à développer l’emploi, et annonçait dans le même temps la suppression de 3000 emplois en France.

Consumérisme, publicité et obsolescence programmée

Chaque année, l’humanité consomme en six mois l’intégralité des ressources que la planète est capable de renouveler en une année. La grande distribution y joue un rôle moteur. Notamment en entretenant des politiques de marketing ciblé et des campagnes de publicités agressives. Celles-ci incitent les consommateurs.trices au consumérisme et entretiennent la dynamique productiviste de notre société. De plus en plus omniprésentes et invasives, ces pratiques incitent constamment les consommateurs à l’achat de produits neufs. Elles cautionnent aussi trop souvent les pratiques d’obsolescence programmée alors même qu’une loi l’interdisant existe.

 

Les commentaires sont fermés.